19 Février 2010
Dimanche 3 Août 1914
[...] Chère Cathy.
Faut-il que je te raconte ce que je concevais comme étant l'impensable à mes yeux, car je pense que tu dois également être au courant comme nombre de
braves gens de la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons à présent. Ne sachant pas si tu as pris connaissance dudit évènement, je vais te faire part de la manière
dont il m'est parvenu. Ce jour-là, alors que la France tout entière était en pleine période de moisson, j'étais encore sous le coup de l'émotion provoqué par la
nouvelle apprise récemment. Comment avais-t elle pu nous faire cela, à nous les français? Je restais abasourdi par l'effroyable nouvelle apprise ce matin par le journal daté du 3 août
1914. O Catherine, ma douce et bien-aimée, si tu savais comment l'angoisse - cette maudite que je haie tant et plus - me tenait dans son étouffante étreinte. J'avais
décidé de le montrer à mon père qui résidait à trois kilomètres de Clermond-Ferrand, dans le paisible village de Montpeyroux situé dans l'Allier. [...]
"Père!" Il faut absolument t que tu lises le journal! Un grave évènement vient d'arriver!"
Le père cessa son activité de forgeron l'air intrigué: "Qu''est-ce donc fils?"
"Lis donc!" Ferdinand saisie le journal. Mais
voici qu'à la seule vue de la Une, ses traits se durcirent subitement:
"Ah non de Dieu! Il ne manquais plus que ça! Que l'Allemagne nous déclare la guerre!"
Mon père ôta son tablier, jetta le journal sur la table, et rentra à la maison bâtie par son propre père en claquant violemment la porte d'entrée. La fureur lui rongeait les os
tant celle-ci était grande.
Groupes de Poilus français dans une tranchée