La chute du Mur de Berlin

Jeudi 9 novembre 1989

Je me suis dépêcher de prévenir le plus de monde possible. Il ne fallait surtout pas rater cet évènement.  Celui-ci a eu lieu durant la nuit du 9 au 10 novembre. C'est papa qui m'a prévenue le premier. Sa voix était porteuse d'une joie sans limites, infinie. Après son appel, j'ai immédiatement posé le téléphone sur un tabouret puis j'ai plongé mon visage dans mes mains et j'ai pleuré. C'étaient des larmes de joie qui coulèrent de mes yeux réjouis. Mon tee-shirt blanc comportait une tâche formée par toutes les larmes que j'avais versé. Après cela, je suis aller me changer et je suis revenue au téléphone pour appeler Anna- ma soeur. Ce que je désirais, c'est qu'elle communique l'heureuse nouvelle à maman qui était à l'hôpital, et qui venait de se réveiller de son coma. Elle s'était évanouie lors des émeutes du 1er novembre en voyant la violence exercée par les deux camps qu'étaient les gardes de la RDA et les berlinois de l'Est. Pauvre maman!

Depuis ce jour où ma mère tomba dans les pommes, Anna était restée à son chevet pour veiller sur elle. Bref, ma petite soeur a été tant choqué par ce que je lui ai dit, qu'elle s'est tut durant dix secondes. J'entendais ses petits cris de joie. Je lui ai dit que c'était papa qui m'a prévenu le premier. Puis on s'est donnée rendez-vous sur la place Heinrich Schliemann.

Il était environs 23 heures, lorsque nous nous sommes retrouvés. Elle était accompagnée de maman, papa ainsi que deux de ses collègues de travail. S'ajoutaient le patron de mon père et sa famille. Nous avons marché jusqu'au lieu dont avait parlé Gunter Schabowski, le porte-parole est-allemand. Il y avait foule à notre arrivée. Plein de personne s'étaient massée au pied du mur. Nous nous en sommes approchés le plus que l'on pouvait. [...] Il était à peu près 23h30 quand tout à coup, on a entendu des bruits d'engins en provenance de l'autre côté du mur. Les bruits devenaient plus forts à chaque secondes. Soudain, je vois apparaître des fissures dans le mur puis peu de temps après, tout un pan de mur s'effondre devant nos yeux ébahis. Ébahis, parce que nous voyons de l'autre côté le peuple que les autorités nous ont caché durant vingt-huit longues années. Ce peuple révélé par la chute du mur, c'est tout simplement les berlinois de l'Est. [...]

Et là, j'aperçois un couple: les Keitel. Madame Keitel me voit, me fait un signe de la main et s'empresse de le signaler à son mari. Après cinq éternelles minutes passées dans la foule, nous nous rejoignons. Mais avant d'avoir fait tout cela, il nous a fallu traverser le mur tout juste brisé et cela fut une tâche fort rude.

Cela fut très compliqué pour nous, parce que cela faisait vingt-huit ans que le "Mur de la honte", - comme nous l'avons surnommé était présent. Je me souviens lorsqu'avec papa nous l'avions vu un jour d'août 1961, nous étions étonnés de le voir, étonnés et surtout furieux. Eh bien, ce cauchemar qui fut si long s'est enfin achevé sous les meilleures auspices. Mais revenons-en à ce que je disais. Je parlais de la grande difficulté que j'avais - où plutôt que nous avions à franchir le mur récemment abattu. Je pensais dans ma tête: "Je passe ou je ne passe pas?" Si je passe, les gardes postés sur le mur vont sans doute me fusiller; tout comme les 588 personnes qui - en vingt-huit ans, ont tenté de passer de l'autre côté.

Mais il y avait tellement de personnes, qu'ils se sont retrouvés très vite débordés. Voyant cela et étant influencé, je franchis le mur, d'abord d'un seul pas. Puis, comme ils ne me tirent pas dessus, je suis pris d'un élan de joie sans égal et je cours vers les amis de maman. Dès cet instant, je me suis vite retrouvé dans les bras de madame Keitel en pleur. Je lui murmure: " Ca y'est Scarlett, ça y'est, c'est enfin fini!".

Elle aussi pleurait tandis que son mari discutait avec papa et les autres messieurs. [...] Nous sommes restés là jusqu'à deux heures du matin, après nous nous sommes réunis chez moi pour fêter l'évènement. [...]