Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Grenier d'un écrivain en herbe

Une poupée hors-normes - Deuxième extrait

 

Ce soir-là, nous avions dîné dans une atmosphère plutôt conviviale.

Mes parents étaient assis face à face, papi et mamie, chacun étaient placés en bout de table. Quand à moi, j’étais assise en face de ma grande sœur adorée. Le cours du repas a été rythmé par de multiples conversations. Celle qu’entretenaient papa et papi portait sur, je crois, la planification d’un futur séjour à New-York qui nous inclurait tous.

 

Honnêtement, je vais être franche avec vous. En douze années d’existence, je ne suis allée à New-York City, seulement qu’une fois. Oui. Cette unique occasion avait été menée à son terme grâce à la gentillesse de notre institutrice, Mademoiselle Evans ainsi que de mes camarades de l’époque. C’était un voyage extrascolaire de deux jours au cœur de la Grosse Pomme. À peine, étions-nous sortis de l’avion que déjà, nous étions ébahis devant la monumentalité de l’aéroport implanté au sud du quartier new-yorkais de Brooklyn. C’était sans compter qu’une fois sortis de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy, le reste de la ville nous avait réservé une surprise encore plus belle que celle vue précédemment. Les jolis maisons des quartiers résidentiels de Brooklyn, et puis enfin, la cerise sur le gâteau, le cœur historique de la ville, Manhattan. Même à travers les vitres, nous ne cessions de nous émerveiller devant tant de buildings. À un moment, nous étions passés devant un chantier titanesque. Mademoiselle Evans nous expliqua que ce lieu en reconstruction se nommait le Ground Zero. Elle nous expliqua également qu’il y a sept années de cela, en ce même lieu s’érigeaient les Tours Jumelles. Nous avions appris que ces deux tours étaient la plus grande fierté de la ville de New-York, et que leur effondrement avait été un véritable choc – non seulement pour les new-yorkais, mais aussi pour notre nation tout entière.

En deux jours d’excursion, nous avions eu le temps de visiter une grande partie de la ville mais aussi de découvrir pleins de ses secrets dont je tairai les noms.

 

Pour revenir au repas de ce dimanche soir, maman et mamie Betty n’avaient pas cessé de parler de moi, de me complimenter et se félicitaient de me voir grandir et de devenir enfin une « grande fille » comme elles disaient. J’avais la réelle impression d’être la fierté de ma famille. Impression accrue, lorsque papa et grand-père me proposèrent de m’emmener à NYC ainsi que mamie, la prochaine fois qu’ils y retourneraient. J’hochais la tête en signe d’approbation. Il ne restait plus que l’avis des concernées. Mamie approuva la première, suivie de près par maman. À présent que tout le monde était d’accord, les préparatifs seraient la prochaine étape. Mais ce ne serait pas pour tout de suite. Dans l’immédiat, nous achevions de célébrer Saint Patrick dans la joie et la bonne humeur.

 

22 heures. L’heure d’aller se coucher était venue.

Ayant souhaitée bonne nuit à tout le monde, je montais l’escalier puis rentrais dans ma chambre. Papa m’avait précédé, puisqu’il entra dans mon antre peu de temps après moi. Il me confia que pour lui, je représentais beaucoup. Une fois dans mon lit, il me donna un bisou sur la joue. Avant de partir, je formulai la même requête que j’ai soumise à maman hier soir. Il y accéda volontiers, et déposa Victorine, la Demoiselle de Paris sur ma table de chevet, tournée vers moi. Puis quitta ma chambre en me chuchotant : « Bonne nuit ma chérie ! » En sortant, papa laissa la porte entrouverte. Ce fut là son erreur.

 

J’ignore à quel moment cela s’est passé.

Mais pendant que je dormais à poings fermés, Zina, cette maline, s’était infiltrée dans ma chambre sans un seul bruit. Elle s’était dirigée vers ma table de chevet qui n’était pas si haute qu’elle n’y paraissait et s’était emparée de Victorine. Ensuite, elle l’emmena loin hors de ma chambre, dans le couloir. Et puis je présume qu’elle a du trouver un malin plaisir à déchiqueter ma précieuse amie.

J’avais alors été réveillé par ces petits grognements de chienne, mais jamais, je n’aurai pensé qu’elle faisait ses dents sur ma poupée. C’est pourquoi, cette nuit-là, je me rendormis l’esprit vidé de tout souci. Le lendemain ne s’était pas révélé des plus tristes en ce qui concerne la mauvaise surprise qui m’attendait.

 

7 heures 30.

Je me levais avec la même joie qui m’accompagnait depuis mon anniversaire, ce week-end. J’allumais ma lampe de chevet et constatais la disparition de la Demoiselle de Paris. Je m’interrogeais. Où avait-elle pu passer et qui l’aurait déplacé sans mon autorisation ? Si aujourd’hui je détiens le coupable, à l’époque j’ignorais qui avait permis que cet incident ait eu lieu. Je cherchais partout dans ma chambre, j’appelais à voix basse ma poupée. Était-elle sous mon lit, dans l’armoire de vêtements ou bien dans le coffre à jouets ? Non. Décidément, je ne l’aurai pas trouvé dans ma chambre. C’est qui me conduisit à élargir la recherche dans le reste de la maison. Mais avant, je devais m’habiller et vérifier n’avoir rien oubliée pour l’école. Je m’étais exécutée promptement, l’esprit perturbé, anxieux à cause de la plausible perte de Victorine. Je sortis de ma chambre.

 

Horreur.

Non. Ce n’était pas possible. Pas elle. Pas Victorine ! La vision d’horreur que je vis me tétanisa de frayeur, mais pas longtemps puisque je rompus le silence par un cri. Ce-dernier aurait pu être un de ces cris capables de vous glacer à même le sang, si celui-ci n’avait été un cri de petite fille. Maman qui était encore au lit, avait été réveillée en sursaut. Elle s’était précipitée hors de sa chambre et m’avait vu. J’avais fondu en larmes. Elle était venue vers moi et avait vu la pauvre victime en morceaux. Dès lors, elle avait comprit la raison de mes lamentations. Elle m’avait prit dans ses bras et tenta de me consoler en me déclarant qu’elle m’en rachèterait une autre.

Néanmoins, et malgré le fait que ce drame très affligeant avait eu lieu, ma mère me pressa, ne souhaitant pas que je rate le bus qui m’emmène à l’école.

Cependant, je ne pouvais me résoudre à omettre de déjeuner. Le premier repas de la journée se fit dans une atmosphère morose. En effet, pendant que je trempais mes biscottes dans le bol de lait chaud, mes yeux versaient des larmes. Ces larmes amères terniraient la journée qui devait s’effectuer sous de bons auspices. Avant de partir pour la Nicholson School, je séchai mes dernières larmes. Un bisou de ma mère pour parfaire le tout, et c’était bon, j’étais prête à partir pour l’école. Une fois dehors, je fis route vers l’arrêt de bus le plus proche de chez moi. Ce-dernier se situait au bout de la rue. Juste devant le n°24 de la Martin Luther King Street.

 

Le bus jaune arriva.

Avant de monter dans le bus, je jetai comme un ultime regard de tristesse en direction de ma maison. Puis, je montai dans le bus. Je m’assis parmi les sièges avant. Je n’étais pas d’humeur à engager une quelconque conversation. C’est pourquoi, je mis mon cartable sur le siège d’à côté. Cependant, alors que le bus venait de refermer ses portes, une fille s’était présentée devant ma rangée. J’avais daigné la regarder. C’est alors que je l’avais reconnu comme étant Emily Dawson, une très bonne copine à moi. Voyant mon air attristé, elle m’avait alors sollicité pour prendre place à mes côtés. Requête que je n’avais pu lui refuser. J’ôtai donc mon cartable du siège pour lui laisser la place.

 

  Durant le trajet vers l’école, nous avions parlé, Emily et moi. Je lui avais expliqué le problème et montré mon immense peine. Elle m’expliqua qu’elle avait connu une situation similaire lorsqu’elle avait eu cinq ans. Cette fois-là, c’était en faisant les boutiques dans le centre-ville de Portland. Elle et sa famille s’étaient arrêtées à un restaurant pour y déjeuner tranquillement. Le repas fut relativement tranquille. Arrivés à la maison, ma copine m’expliqua qu’elle avait remarqué ne plus être en possession de sa poupée. Tout le trajet effectué fut passé au peigne fin, dans l’espoir de retrouver la malheureuse disparue. Pendant qu’elle et ses parents recherchaient activement le jouet porté disparu, la victime subissait probablement les exactions d’un individu habité de mauvaises intentions. Au terme de deux heures d’intenses recherches, bredouilles, ses parents déclarèrent la disparition de la poupée affaire classée. Ma copine me raconta qu’elle en fut très chagrinée. C’est pourquoi, elle m’avait assuré comprendre la douleur qui était mienne.

 

Nous étions arrivées devant l’entrée de la Nicholson School. Avant de quitter son siège, Emily me donna l’accolade dans l’espoir que cela suffirait à me remonter le moral. Son geste m’avait alors beaucoup touché. Néanmoins, j’avais tout juste la force nécessaire pour affronter une journée « normale ». C’est dans cet état d’esprit que j’étais descendue du bus et avais marché en direction de l’imposant bâtiment qu’était l’école, notre école.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article