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Grenier d'un écrivain en herbe

Talia le gynoide - Prologue et Chapitre 1

 

TALIA LE GYNOÏDE

 

 

À ma muse favorite.

 

Prologue

 

Elle avait parfaitement conscience que cette opération s’avérait vitale pour elle si elle tenait à rester en vie. Elle se devait de l’accepter immédiatement. Pourtant elle la redoutait plus que tout, tout en la sachant nécessaire. Cependant, elle a eu la chance d’avoir un gynoïde. Ô combien de fois montra t-il des marques de sa bonté par le passé ! Cela ne faisait pas si longtemps que les humains cohabitaient en parfaite harmonie avec leurs créations : les androïdes et gynoïdes. Les premiers ont été conçus à l’image des hommes, tandis que les seconds étaient conçus à l’image de la femme.

Tous vantaient les mérites de leur propre androïde.

Mais Talia n’était pas un gynoïde comme les autres. Elle était gynoïde de par son statut mais finit par acquérir des caractéristiques humaines au fil de sa cohabitation avec sa jeune propriétaire pas comme les autres.

Celle-ci avait contracté une maladie cardio-vasculaire inconnue dès sa naissance. Les meilleurs médecins du pays s’étaient penchés sur son cas mais hélas, ils étaient repartis impuissants face à cette mystérieuse inconnue.

Tout ce qu’ils avaient pu faire et qui avait permis à l’enfant de tenir jusqu’à présent, c’était de lui prescrire trois cachets.

Ah ! triste châtiment que celui-ci. Divinités guérisseuses, puissiez-vous la délivrer de ce terrible mal qui la ronge de l’intérieur et qui gagnera prochainement son âme !

Le jour de ses sept ans – après des années d’économie, ses parents lui offrirent un gynoïde. La jeune enfant en fut fort enthousiaste et conserva le nom prédéfini de Talia.

Depuis ce jour de novembre 2188, la jeune femme et son gynoïde ne s’étaient plus jamais quittés.

Une amitié à l’essence sacralisée venait de naître.

 


 

 

 

Chapitre un

 

L’exposé

 

1.

 

« C’était une première mondiale. Le progrès venait de révolutionner une fois de plus la Science. »

 

Lucile est dans sa chambre, l’esprit penseur. Qu’allait-elle proposer en thème de son exposé pour le surlendemain ? Le sauvetage écologique du XXIè siècle, la vision des ancêtres sur ce futur ou la parfaite cohabitation entre les machines et les hommes ? La jeune femme était perplexe face à ces trois thèmes plausibles. Elle les trouvait tous d’un grand intérêt. Cependant, elle ne pouvait se résoudre à n’en choisir qu’un, et pourtant elle y serait vitre contrainte par le temps.

— Maître, si je puis me permettre, je te recommande la cohabitation humains/androïdes. Mon programme vient de l’analyser et en a conclut qu’il pourrait faire un très bon thème pour ton exposé de mercredi.

La jeune femme décida de suivre la recommandation de Talia, son gynoïde.

Ce soir-là, elle alla se coucher assez tôt car la journée avait été rude. Elle regarda son réveil une dernière fois, avant de s’enfoncer dans le sommeil.

 

Le lendemain matin, le lever du lit ne fut pas difficile. Pendant que Talia tirait les rideaux, apportant la lumière bienfaitrice dans la chambre, Lucile terminait de lacer ses chaussures.

Le petit-déjeuner se composa de tartines beurrées, d’un verre de jus de lait et d’une orange qu’elle se pela calmement. Puis vint le moment de prendre sa voiture pour se rendre à l’université. Le vent matinal était quelque peu frais. Lucile ferma sa fenêtre. Son gynoïde était assit côté passage. Quoiqu’il en fût son métabolisme avait été conçu dans le but d’adopter la vitesse de cinquante kilomètres.

Soudain, le véhicule freina brusquement. Lucile ressentit une vive gêne au niveau de sa respiration et détacha sa ceinture de sécurité. Talia tint le volant afin d’éviter tout risque d’accident. Une fois la voiture garée dans un emplacement convenable. Elle sortit de son torse trois cachets qu’elle lui fit avaler l’un après l’autre.

Peu à peu, les traits de son visage se détendirent et la jeune Lucile se redressa et reprit le volant bien décidée à ne pas être en retard en cours. À présent que l’incident était clos, le binôme poursuivit sa route en direction de l’Université de Perpignan Via Domitia, (UPVD).

 

    La jeune étudiante en Histoire gara son véhicule sur le parking proche de l’entrée principale. Lorsqu’elle sortit – où plutôt, quand elles sortirent, tous les regards des alentours convergeaient en leur direction. C’était un comme si elle et son robot étaient des célébrités. Lucile s’interrogea sur ce qui avait pu faire sa notoriété. Était-ce sa maladie inconnue et incurable, ou bien son charme flamboyant ? Elle ne le savait pas, et ne le saurait probablement jamais. Bien que gênée par tous ces regards, Lucile décida de poursuivre son chemin d’un pas sûr.

[…]

 

— Alors Lucile, acceptes-tu de le faire ? Je peux t’assurer qu’il n’y a aucun danger à effectuer ce transfert d’esprit. Alors, pourquoi es-tu encore réticente ?

La voix de l’homme était restée d’un ton serein, malgré l’urgence de la situation.

— C’est assez difficile à expliquer. Pour faire court, je dirais que, malgré le fait que je sache que seul ce transfert pourra me sauver la vie, mon corps refuse par peur de l’inconnu. Cependant, s’il s’agit là de l’unique solution qui puisse me sauver la vie, j’accepte, que mon esprit – soit transféré dans le corps de Talia.

— Sage décision, car je pense que tu n’avais guère le choix si tu tenais à rester en vie. Tu sais Lucile, j’approche de mon demi-siècle d’existence, et j’ai pu voir un grand nombre de gynoïdes attentionnés avec leur maître. Et je peux t’assurer que le tien possède un degré de bonté unique au monde. C’est la toute première fois que je constate l’apparition de cette caractéristique humaine chez un robot. Et ce gynoïde, Lucile, c’est le tien.

— Vous savez Docteur, jamais je n’oublierais son sacrifice qui m’aura sauvé d’une mort certaine.

Lucile laissa s’écouler une larme de son œil.

— Martin, veuillez lancer le transfert je vous prie.

L’homme derrière la vitre s’exécuta aussitôt.

[…]

Dès lors, le téléchargement d’esprit était terminé. Le Dr Desboeufs se pencha hâtivement sur sa patiente.

— Lucile, Lucile tu m’entends ?

(Elle ouvre ses yeux)

— Le transfert a été un franc succès, te voilà désormais sauvée !

— … suis… sauvée. »

(Elle tente de se relever rapidement)

— Reste assise Lucile, le temps que les capteurs encore reliés à ton corps d’origine te restituent la totalité de tes capacités mémorielles. Cela ne devrait plus prendre longtemps.

Dans les locaux de l’hôpital où s’était déroulée la délicate manœuvre, tous et toutes se félicitaient de la réussite du téléchargement d’esprit. Des hommes et des femmes se congratulaient devant la réussite d’un transfert d’esprit de cette ampleur. Le corps scientifique qui avait contribué à l’invention du numérisateur – le super ordinateur responsable de la numérisation de l’esprit du patient, s’était laissé contaminer par le virus euphorique. Il y avait là de quoi embrasser votre collègue de travail !

Pendant ce temps, la nouvelle Lucile prit soin de – faire connaissance, de son nouveau corps entièrement neuf et d'une artificialité totale. Elle posa tout d’abord son regard sur ses jambes puis le fit remonter jusqu’aux mains. C’est alors que le Dr Hector Desboeufs prévoyant qu’elle désirerait voir son visage, demanda à ce qu’une glace lui soit apportée. Monsieur Desboeufs n’était autre que le médecin traitant qui s’occupait de la jeune femme depuis sa plus tendre enfance jusqu’à présent. Ce médecin était à présent aux portes de la retraite. Le TdE – pour Téléchargement de l’Esprit, qu’il venait d’effectuer, serait certainement l’un de ses derniers grands exploits dans sa carrière. Entre temps les capteurs avaient achevés la restitution intégrale des capacités mémorielles en provenance du corps d’origine de Lucile.

 

Pendant ce temps, elle venait de récupérer la totalité de ses facultés mémorielles et pouvait désormais parler sans grande peine.

— C'est une étrange sensation que d'avoir le corps de mon gynoïde ! Je… je me redécouvre dans un corps entièrement robotisé ! Et dire que ce corps artificiel est désormais le mien ! C’est tout simplement incroyable, j’ai la même voix que Nellie ! Mais… c’est absolument extraordinaire ! Oh ! merci pour tout Docteur ! Je vous suis éternellement redevable !

Le Dr Desboeufs coupa sa jeune patiente dans son extase pour prendre la parole. La ramener à la réalité était de son devoir.

— Je comprends ton enthousiasme Lucile, cependant, il m'incombe de te ramener à la réalité. En effet, la possession de ce nouveau corps fait apporte son lot d'inconvénients. Des désavantages que tu ne pouvais pas connaître lorsque tu étais encore dans ton enveloppe charnelle. Il est important que tu en prennes connaissance car elles te suivront toute ta vie à présent.

La jeune femme tomba très haut de son petit nuage. Son sourire s’en trouva quelque peu crispé.

— Ah oui, bien sûr. Et ces inconvénients, quels sont-ils ?

— Eh bien, en premier lieu, se pose le problème de la batterie. Comme tu l’as appris en le faisant avec ton gynoïde, un temps de recharge est nécessaire toutes les quinze heures environ. Je suppose que ton domicile est équipé d’au moins deux points de recharges ?

— Trois, docteur. Un dans notre salon, un dans la buanderie et le dernier se trouve dans ma chambre. C’est là, principalement que Talia rechargeait ses batteries.

— Parfait. Deuxièmement, tu ne pourras plus te nourrir comme tu la faisais auparavant. La seule nourriture que ton corps admettra dorénavant est l’électricité. Bien entendu, l’électricité statique ne fonctionnera pas.

— Naturellement, je me doutais bien de cela.

— Très bien. La chose est entendue.

Le vieux médecin ordonna que l’on amène une nouvelle tenue vestimentaire. Un homme vint à la hauteur du Dr Desboeufs et lui laissa les habits avant de repartir d’où il était venu.

— Après votre entrée à l’hôpital Saint Jean, deux infirmières ont emmenées Talia afin de prendre ses mesures. Comme nous ne savions pas si tu aurais accepté d’être vêtue de ses habits, nous en avons obtenu d’autres.

Lucile essya plusieurs tenues avant d'en trouver une qui lui convenait. Elle se regarda ainsi vêtue dans le miroir et ne put s'empêcher de rougir  bien que son corps n'en fit rien paraître. Se retournant, elle fit face à son sauveur.

— C’est vraiment gentil de votre part, Docteur. Vous savez, en matière de mode, je ne fais pas la difficile.

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