15 Décembre 2010
Empire chinois – province de Chengdu, an 220 avant J.-C
Lû était avide de curiosité, c’est ce qui le força à s’approcher plus près encore de ce lieu. Et ce qu’il vit confirma ce qu’il pensait. Une jeune femme habillée d’une simple robe en soie couleur pourpre, puisait de l’eau à la source de la rivière Yang Shui. Enfin, plus exactement, elle abreuvait la soif d’étalons blancs. Cette scène en elle-même exerçait une forte emprise de fascination sur le jeune homme, qui n’avait jusque-là jamais eu l’opportunité d’observer une aussi belle femme. Pour lui, elle était son idéal. Il aurait même été prêt à déclarer qu’elle serait la plus belle femme de tout l’Empire du Milieu. Mais cela aurait été là, exagérer la réalité. Lû se contenta de continuer à l’observer pendant quelques instants.
Lorsque soudain, en souhaitant repartir vers son village, le jeune homme marcha sur un tas de brindilles. Le bruit qui en ressortit fit sursauter la jeune chinoise. Elle se retourna et le vit. Pendant ce temps, les chevaux s’étaient tous enfuis, tous à l’exception d’un bel étalon blanc. Repéré, le jeune homme préféra faire connaissance avec celle qui l’avait observé depuis sept pleines lunes. La pensant timide, le jeune homme prit la parole le premier.
— Bonjour.
La jeune femme l’observa sans rien dire. Elle gardait son calme.
Son silence encouragea Lû à décliner son identité.
— Je me nomme Lû, Lû Chen. J’habite dans le village voisin.
La jeune inconnue ne prononça toujours aucun mot.
Cette foi-ci, Lû qui habituellement ne cédait pas à l’anxiété, devint inquiet contre son gré. Néanmoins, le jeune paysan persista à dialoguer avec elle, se persuadant qu’elle romprait d’un instant à l’autre son silence.
— Bon, c’est vrai, je vous espionnais. Mais vous savez, je ne vous veux aucun mal.
La jeune femme caressa le cheval et rompit le silence par ces mots :
— Je suis au courant.
— Vous… vous le saviez ?
— Oui. J’ai vu votre reflet sur la surface lissée de l’eau.
Lû n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit, car la jeune femme enchaîna :
— En ce moment, vous aimez une personne, je me trompe ?
— Co… comment l’avez-vous su ?
— Je l’ai lu sur votre visage. Et cette personne est à proximité de ce lieu.
Le paysan finit par avouer que cette personne se trouvait être elle. Il lui dit même que l’amour qu’il lui voua était plus solide que du chanvre. La « femme de la source », comme il l’avait surnommé en parut toute émue.
— Tout s’explique ! Vous saviez, vous pouviez venir me voir avant. Je ne vous aurais fait aucun mal !
[brouillon resté – jusqu'à présent inachevé]