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Grenier d'un écrivain en herbe

Le meurtre blanc

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Lénine et Trotski avec des soldats

 

*68ème Lettre : « - Soudain, alors que nous approchons de la rue Aleksander Koltsov, un cri se fait entendre »

 

Alexandre Sopovitch

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Prologue

 

    Sergueï courait le plus vite possible. Il fuyait l’avancée des armées blanches. Il ne souhaitait pas que sa vie s’arrête là, surtout pas maintenant qu’il vient de fêter ses quatorze ans. Depuis que son père s’est fait tué il y a peu encore par les armées blanches, les Blancs sont devenus sa plus grande hantise et la source de tous ses cauchemars les plus horribles. […]

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Chapitre premier

 

Une découverte macabre

 

1

 

    C’était par une belle nuit étoilée. Dans la ville de Samara. Cette nuit-là, j’avais décidé d’inviter mon vieil ami de guerre, Piotr Ivanovitch à une balade nocturne. Les rues dormaient profondément et nous n’osions pas les réveiller de cet instant chimérique. - Soudain, alors que nous approchons de la rue Aleksander Koltsov, un cri se fait entendre. C’était un de ces cris capable de vous glacer à même le sang. Piotr et moi-même sommes restés pétrifiés un temps, nos cheveux se sont dressés comme s’ils souhaitaient fuir cet horrible cri. Poussés par une certaine curiosité devenue évidente, nous décidons d’aller voir ce qui se passe ; car la rue Aleksander Koltsov était voisine de celle dans laquelle nous nous trouvions. Pendant que nous accélérions la marche, le cri – l’horrible cri – retentit deux fois encore ; il me semble que déjà mon sang s’est figé à l’intérieur de moi. A notre arrivée, nous vîmes une jeune femme, et quelques habitants des maisons avoisinantes qui d’un air encore endormi, ouvraient péniblement leur fenêtre. C’était elle qui était à l’origine de ces cris d’épouvante. Nous suivons son regard et…Oh ! grand dieu ! Quelle horreur ! Un cadavre mutilé avait été pendu à un réverbère. Le malheureux avait subit le plus atroce des traitements que réservaient les Blancs à leurs ennemis bolcheviques La vue de cette seule scène faisait naître en nous terreur, horreur et épouvante.

Cependant, bien que ma disposition d’esprit s’en trouva fort troublée, je reconnus que le défunt était un homme, certainement un volontaire bolchevik. La barbarie des armées blanches n’était que trop connue pour être ignorée de notre part1. Très vite, un attroupement se forma autour du réverbère immaculé de sang. Peu de temps après deux agents de police qui patrouillaient non loin de là, vinrent, attirés par cet attroupement. Ils n’eurent point besoin de questionner les différentes personnes, le réverbère leur offrit la réponse. Lorsque ces messieurs nous demandèrent, à tous, lesquels voulaient bien se donner la peine de les accompagner au poste de police afin de leur livrer un témoignage, la jeune femme se distingua de la masse humaine et s’avança vers les deux hommes. Tous trois embarquèrent dans la voiture et partirent. Très vite le véhicule se confondit avec les ténèbres.

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La barbarie...notre part1 : des documents de l’époque attestent en effet de la barbarie dont ont fait preuve les armées blanches.

 

2

 

    Olga Alexandrovitch avait atteint sa vingt troisième année. C’était une de ces aristocrates qui appréciaient fortement les sorties de nuit, une bien jolie femme pour son époque, c’est là du moins mon humble avis. Elle avait les traits du visage adoucis par le charisme qui avait prit racine en elle ; ses yeux bleus séduisaient tous homme qu’elle rencontrait. Ses doigts avaient adoptés une grande finesse, cela, elle le devait à ses dix années de pratique de piano. Olga était la fille de Grigoriev Alexandrovitch le pianiste le plus renommé du pays ; c’est ce qui a crée sa notoriété parmi la noblesse russe. En ce qui me concerne, j’aurai aimé pouvoir être en sa compagnie, être aux côtés de la douce et bien-aimée Olga, car tel aurait été mon rêve. Mais l’heure ne pouvait être consacrée au rêve, elle était encore sous le choc de ce qu’elle avait vu il y a quelques minutes à peine. Elle aurait bien voulue crier toute l’horreur que cette scène macabre lui avait évoquée, mais elle n’en avait pas la force, pas encore. Seul le silence sortait de sa bouche vacillante. Les deux policiers qui, de temps à autre la regardaient, comprenaient bien l’importance du choc émotionnel dont elle venait d’être victime. Mais que pouvaient-ils faire, si ce n’est recueillir sont témoignage en espérant qu’elle trouve les mots pour le raconter. Arrivés au poste de police le plus jeune des deux hommes aida la jeune femme à descendre de la voiture et l’amena dans la pièce ou elle serait interrogée. En chemin, il se présenta à elle.

- Moi c’est Nicolaï Boubanov et vous ?

- O…Olga Alexandrovitch

Nicolaï lui dit que durant le recueillement du témoignage, la pression ne lui serait pas mise.

Ils entrèrent dans l’étroite salle. Deux chaises et une table s’y trouvaient.

Un homme arriva et se présenta comme étant l’inspecteur de police Pavel Sergueïevitch.

- Je vais être direct avec vous, mademoiselle Alexandrovitch. Dites-moi ce que vous savez à propos de ce meurtre.

- Eh bien j’ai découvert le corps mutilé alors que je m’apprêtais à effectuer ma sortie nocturne. Il était pendu sur le réverbère situé pour peu juste devant ma porte. Je ‘ai pas réussi à en dormir de toute la nuit, tant cela a choqué mon esprit chétif.

- Quasiment devant votre porte dites-vous ? Croyiez-vous que cela eu été une farce d’un très mauvais goût ?

- Non. Je pense plutôt qu’ils ont pris le premier réverbère auquel ils pourraient l’accrocher.

[…]

L’interrogatoire dura quelques minutes encore puis, l’inspecteur étant satisfait des réponses obtenues, Olga fut libérée.

[…]

 

*

 

    Le soir venu, Olga décidé d’aller se pioncer assez tôt, car cette journée l’avait durement épuisée. La nuit s’annonçait plutôt sereine. Tout se prêtait à annoncer cette sérénité à venir. Tout ou presque. Le lendemain matin, à l’aube les Blancs lancèrent une offensive matinale. A 7h30, les crépitements des canons retentirent dans la ville encore endormie. L’un d’eux sortit Olga de son sommeil. La belle tira la cloche pour appeler Dmitri son majordome. Celui-ci accourut dans la chambre de mademoiselle aussitôt.

- Vous m’avez appelé, Mademoiselle ?

- Oui. Dmitri je veux une voiture immédiatement afin de quitter la ville et de pouvoir rejoindre mon père, mon frère et ma sœur qui se sont réfugiés à Dimitrovgrad.

- Etes-vous certaine de vouloir les rejoindre, Mademoiselle ? Dimitrovgrad est située à 100 kilomètres plus au nord ; sans compter les risques insensés que vous encourriez. Les armées blanches ne sont qu’à cinquante kilomètres de Dimitrovgrad. Je crains pour votre vie Mademoiselle.

- C’est gentil à vous Dmitri, je loue de tout cœur votre dévotion envers moi, mais je dois à tout prix rejoindre Dimitrovgrad. Peut-être y serais-je plus en sécurité ? Ne sait-on jamais.

- Bien comme vous voudrez. Je me charge de commander une voiture immédiatement.

Le vieux majordome quitta promptement la pièce, afin de satisfaire la demande urgente d’Olga. La voiture arriva un quart d’heure plus tard devant le seuil de la porte. Le majordome lui présenta Igor Denivsky, le chauffeur de la voiture. Puis, un domestique se chargea d’accompagner la belle dans sa voiture pendant que Dmitri la regardait partir avec anxiété. Lorsque la voiture partit, il la suivit de son regard aussi loin qu’il le put, avant que celle-ci ne disparaisse à l’angle d’une rue.

 

3

 

    La voiture était lancée dans sa course folle pour atteindre Dimitrovgrad depuis maintenant plusieurs heures. Lorsque soudain, un choc d’une grande violence se fit ressentir et ébranla légèrement le véhicule. La jeune fugitive et son chauffeur tournèrent brusquement la tête vers la droite. Ils eurent le temps de voir qu’un obus était tombé au loin. Olga, - prise de panique – ordonna à Igor d’accélérer. Le vieux chauffeur s’exécuta aussitôt. Ainsi, la course reprit de plus belle. […]

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